Monday 25 August 2003
Iséa au téléphone…
La rencontre virtuelle, c’est une belle aventure de cinéma, un feu de cheminée, un bon gâteau au four. Il faut savoir renouveler constamment son intérêt pour faire monter sa tension, l’attiser pour lui faire conserver tout son attrait, sa brillance et sa vivacité, et surveiller toutes les étapes de sa cuisson pour empêcher que de mauvaises conditions ne viennent tout gâcher et tout faire retomber comme un soufflé au fromage.
La rencontre virtuelle, c’est aussi quelque chose de bien fragile. On ne se connaît qu’à travers un écran, quelques mots échangés, quelques heures passées à interagir dans une petite fenêtre avec un clavier. A quoi s’attache-t-on vraiment ? A une personne que l’on croit connaître à travers quelques lignes de texte ? Au fantasme qu’on projette inconsciemment sur des mots dont on rêve le sens ?
Dimanche après-midi, j’ai proposé à Iséa de nous téléphoner pour la première fois dans la soirée, ce qui lui laissait l’après-midi pour se faire à cette idée et ne pas avoir l’impression de se faire “forcer” les choses. Elle a accepté. Nous retrouvant le soir sur MSN Messenger, je relance donc mon invitation :

Je suis toujours très énervé de constater un si grand écart entre mes intentions et mon émotivité. Autant j’aime aller de l’avant, avec volonté et détermination, autant mon cœur ne suit pas du tout. Je me mets tout seul, rageusement, dans des états parkinsoniens que je n’ai pas choisis. Je me chope, sans être allé dîner au Mc Do, une boule au ventre pénible contre laquelle je ne puis rien. J’ai tout essayé : l’alcool, les sévices corporels, les cris de guerre… rien n’y fait.
C’est donc bien maladroitement, avec un stress pathétique, que je compose sur mon téléphone les 10 chiffres du numéro d’Iséa…
1 sonnerie… 2 sonneries… 3…
Elle ne veut plus décrocher ?
Elle s’est trompée de numéro ?
Soudain, quelqu’un décroche.
Une petite voix sensuelle et douce me parle : « Allo ? »
C’est Iséa !
Après quelques premières minutes mal assurées, la conversation prend un peu forme. Sa voix me confirme la jeune fille passionnée et intelligente que j’avais devinée lors de nos conversations électroniques. Je découvre en plus une voix douce, chaleureuse, franchement irrésistible. Bien que profondément athée, je prie en mon for intérieur pour qu’elle soit, ne serait-ce qu’un tout petit peu, séduite par ma voix.
Nous parlons d’un peu de tout. De nos parents, de nos vies, de nos amis. Autant de sujets que nous avions déjà abordés par le Chat mais que nous approfondissons ensemble de vive voix. L’ambiance est plutôt sérieuse mais détendue. Nous plaisantons un petit peu.
Les heures passent…
Je ne me lasse pas !
Elle croit qu’il est 01h00 du matin quand il est déjà plus de 03h00 ! Nous avons discuté ensemble pendant 3h 39min ! Cela me semble bon signe qu’elle ait trouvé le temps si court. Je lui dis « Bisous, bon courage pour demain ». Elle me repond « bye ». Les bisous à l’oral, ça doit être plus dur à obtenir !
Nous achevons notre conversation sur le Chat pendant 25 petites minutes. Il est 03h33 quand elle se déconnecte. Elle est courageuse… Elle se lève à 06h30 le matin…
Envoûté, toujours plus envoûté…
|