Wednesday 01 June 2005
Accumulations…
La semaine dernière, une personne de ma famille proche a eu un grave accident. Pendant plusieurs jours, nous n’avons pas su s’il allait survivre ou non. La nouvelle est tombée au moment où Jana venait me retrouver pour le week-end. Dans ce climat refroidi, notre manque d’entente profonde a eu une fâcheuse tendance à ressortir. Intellectuellement, nous ne sommes pas sur la même longueur d’ondes et, si ça n’est pas une nouveauté, ça a mis mes nerfs à rude épreuve.
J’ai voulu aborder notre rapport à la mort et le paradoxe qu’il y a chez les croyants qui croient volontiers au paradis et à l’âme éternelle mais qui pleurent la mort de leurs proches comme s’ils prenaient quelque part conscience de leur réelle disparition. Sujet épineux sur lequel je l’ai trouvée sur la défensive. Je pensais sa foi moins inébranlable. Je suis resté diplomate mais elle ne voulait pas s’exprimer là dessus.
Autre moment, autre sujet : le référendum sur la constitution. Elle n’est pas inscrite sur les listes électorales, n’a jamais voté de sa vie, considère que ça ne la concerne pas et n’avait absolument aucun avis sur la question, revendiquant ne pas avoir du tout entendu parler de cette fichue ratification.
Si nous avions été des Sims, des petits « - » rouges auraient fusé de partout pendant nos conversations. Cela m’a jeté au visage le sentiment qu’en dehors des câlins et des conversations légères, nous n’avions pas grand-chose à nous dire…
Je suis parti dans la semaine soutenir ma famille, suite à l’accident. Jana m’a téléphoné pratiquement tous les jours et m’a envoyé des SMS. Chose appréciable sauf que je n’ai pas ressenti de plaisir particulier à parler avec elle. C’est un mauvais signe mais je n’y peux rien. L’éloignement physique soigné par le téléphone est un coup de vernis sur les affinités : s’il y en a, elles sont magnifiées. S’il n’y en a pas, elles nous sautent aux yeux.
Pire, presque chacun de ses appels a eu sa petite chose insignifiante qui m’a faire sentir à quel point nous n’étions pas dans le même trip. Deux exemples :
1- Jana est avec des amis. Elle me raconte qu’ils se sont achetés 4 petits pots de glace Häagen-Dazs aux fruits. Je lui suggère que ça va sûrement être la bataille pour choisir son sorbet, elle me répond qu’ils vont goûter à tous.
Moi : Vous allez vous bander les yeux pour goûter les différents arômes ?
Elle (sceptique) : Euh non, je crois pas. C’est pas trop le genre ! Mes potes, c’est des barbares. Ils vont la manger, c’est tout.
Goûter de la glace les yeux bandés, ça devait être trop sensuel pour eux. Instinctivement, je les ai d’emblée détestés. Jana et moi n’avons pas du tout le même type d’amis…
2- Je suis en train de tester une longue vue retrouvée dans mes affaires sur un petit groupe de 15-20 ans en train de profiter du beau temps autour d’un barbecue. Je suis curieux en plus d’être voyeur. Je suis en même temps au téléphone avec Jana et lui en fait profiter. Comme je ne bois pas et ne fume habituellement ni cigarettes ni autre chose, contrairement à elle, elle me lance :
Elle (taquine) : Ah, tu as quelques vices, quand même !
Moi (amusé) : Bah… bien sûr ! Je ne t’ai encore jamais attachée ?
Elle : Aaaah… non. Et je ne te conseille pas d’essayer.
Moi (abasourdi) : Ah bon, pourquoi ?
Elle : Parce que ! C’est pas franchement mon délire…
Me voilà calmé, limite réduit à l’état de déviant sexuel en plus de savoir que nos jeux amoureux sont plus limités que je ne le pensais.
Je suis rentré chez moi dimanche exprès pour voter. Tout s’est enchaîné : Coincé dans les bouchons, je suis arrivé sous la pluie battante 15 minutes après la fermeture de mon bureau de vote. Dégoûté. Une fois rentré, mon PC s’est avéré inutilisable à cause d’un problème de carte graphique, ma télévision n’a voulu me délivrer qu’une image rosacée (elle commence à être vieille) et mes claques dessus (habituellement efficaces) n’y ont rien changé.
Par dessus tout, je n’avais plus envie de partir en week-end avec Jana. Week-end que nous avions prévu depuis plusieurs semaines de passer au bord de l’Atlantique du 3 au 6 juin. Un ami au téléphone insiste pour que j’annule tout, me convainc que je me ments à moi-même et que je n’ai aucun intérêt à partir avec elle…
Soirée détestable.
Puisque cette soirée est pourrie, je décide tristement d’expliquer à Jana que je ne souhaite plus qu’on se voit. Son téléphone sonne dans le vide. Vers une heure du matin, elle me rappelle enfin…
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