Monday 12 May 2003
L’histoire de Persil
Voici l’histoire de Persil, son expérience originale via Love.Lycos :
” Persil Wagonnet s’ennuyait dans la petite ville de province où il passait un long séjour forcé. Internet était sa seule porte vers le vaste monde, porteuse de divertissement, d’information, de culture… De site en site, Persil en vint à apprendre l’existence de la possibilité de faire des rencontres d’ordre amoureux par le truchement d’un ordinateur. Il échoua un soir sur le site “Love at Lycos”.
Mais Persil est un pudique. Mettre sa photo et une description de sa personnalité était à la fois trop simple et trop hasardeux. Il préféra rester évasif et construire un personnage romanesque d’amoureux transi plutôt que de se livrer sans concessions. Quatre choses qu’il aime et quatre choses qu’il déteste en diraient assez sur sa véritable personnalité.
Ceci fait, il se mit en chasse pour trouver le profil d’une jeune fille qui lui plairait. Difficile: la plupart ne disent rien d’elles, hormis qu’elles aiment le chocolat, qu’elles n’aiment pas la méchanceté ni le mensonge. Celle qui sortirait du lot n’en serait que plus formidable à ses yeux.
Dès le premier soir, Persil remarqua le profil de “la_femme_rose”. Cette jeune fille, dont l’image était irradiée de rose, avait choisi, à l’endroit où d’autres indiquent leurs mensurations, de raconter un conte, un peu confus mais très touchant, sur ce que l’on pouvait supposer être sa propre métamorphose. Est-ce par timidité ou simple précaution, Persil ne la contacta pas d’emblée. Il alla se coucher, et se dit que ça y était, c’était elle. Il réfléchit à la forme que prendrait la déclaration d’amour qu’il lui ferait en guise de prise de contact.
Le lendemain, il retourna dans son cyber-café de quartier pour écrire à celle dont il avait rêvé toute la nuit. La réponse à sa lettre enflammée fut un simple et sévère: “Poursuivez…” Il fallait donc encore écrire. La seconde lettre serait du même acabit. Persil avait pris le parti d’être d’emblée amoureux fou et amant courtois, s’adressant à elle en la vouvoyant. Puis la belle se fit un peu plus loquace, et pendant deux mois, les mots d’amour se succédèrent quotidiennement. Les quelques parcelles d’identité que les deux amants se livraient progressivement s’accordaient systématiquement. Mais l’amour restait virtuel derrière ces murs de mots, et aucune photo correspondant à la réalité n’ayant été échangée, tout restait à construire au jour de la rencontre. Rien n’était joué.
C’était il y a un an, et aujourd’hui, mademoiselle Rose et Persil Wagonnet connaissent, sur un registre très différent, une idylle aussi intense que celle qu’ont connue jadis leurs avatars sur le Net. “
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