Wednesday 16 November 2005
29 ans et des poussières…
Fin septembre, j’ai fait connaissance sur le tchat de Meetic de N., une jeune femme de 29 ans venue discuter avec moi.
Etant donné qu’elle habitait à près de 200 kilomètres de chez moi, je lui ai clairement fait comprendre qu’il ne fallait pas espérer quoi que ce soit de sérieux avec moi. Mais elle n’avait pas l’air de comprendre mon point de vue, m’assurant que je me posais des barrières, que la distance, c’était secondaire, que l’amour allait au delà… et patati et patata.
Autant je n’étais pas contre l’idée d’aller passer un week-end sympa avec elle, autant je m’opposais, quoi qu’il arrive, à une relation sérieuse. Ce sujet de discussion - la relation à distance - était à l’origine de régulières petites disputes. Mais malgré nos divergences, elle continuait à me proposer de nous voir :

Je trouve ridicule de chercher à construire une relation amoureuse d’emblée bridée par le problème de la distance. D’une part, ça transforme la relation en relation à la petite semaine (on se voit le week-end quand on peut, adieu la spontanéité) et d’autre part, la séparation a tendance à travestir les sentiments, à nous faire prendre la souffrance du manque pour une marque d’amour profond quand elle n’est qu’une émotion conséquente. C’est une petite affection excitée qui se prend pour de l’amour et qui conduit à le fantasmer - l’amour - plus qu’à le vivre. Et, comme pour les rencontres sur Internet qui se complaisent trop longtemps dans le virtuel, l’absence conduit à l’idéalisation. Combien de couples se sont aimés à distance pour se rendre compte une fois qu’ils pouvaient enfin être ensemble que ça ne collait pas, que partager le quotidien s’avérait désagréable, qu’ils ne s’aimaient pas tant que ça ? Autant dire qu’il faut être un peu maso pour choisir de souffrir pour rien…
Et quand l’éloignement met à nu de vrais sentiments, ce n’est guère plus réjouissant. Pour avoir goûté aux « joies » de la relation amoureuse à distance, ça ne mène souvent qu’à une seule chose : après une plus ou moins longue période de séparation physique, l’un ou l’autre finit par rencontrer quelqu’un de proche dont la compagnie ne nécessite pas 10 heures de route et contre lequel on ne peut rivaliser. C’est la règle « loin des yeux, loin du coeur » qui s’applique. Triste mais humain.
Pourtant, N. a l’air bien décidée à y croire, à l’amour à distance. Est-ce parce qu’elle habite dans une petite ville de province et qu’elle n’a pas suffisamment de choix, qu’elle est prête à certains sacrifices ? Ou est-elle naïve au point de croire que l’amour est vraiment plus fort que tout ? Si c’est vrai dans l’idéal, la réalité est souvent beaucoup plus décevante.
Au téléphone, je découvre une jeune femme à la voix profondément touchante, fragile, enfantine… Enfantine dans les intonations, les mots, les onomatopées… C’est un jeu de séduction, mais c’est à un point tel que ça m’en met mal à l’aise. Une fille de 8 ans, c’est attendrissant mais ce n’est pas désirable. En dehors de ça, elle est réellement attachante, parce que naturelle, spontanée, sensible.
Au fil des coups de fil, des tchats et des sessions de webcam, nous convenons de passer un week-end ensemble, chez elle, d’un vendredi soir au dimanche. Nous discuterons, ferons des câlins, nous baladerons, regarderons un film, rirons…
N. s’avère être dans le virtuel une fille intelligente, drôle, coquine et un peu « folle ». Même si nous continuons à nous accrocher quelques fois sur le problème de la distance, nous parlons de tout avec naturel, sans tabous. En revanche, elle se révèle rapidement un peu excessive dans ses émotions. Elle est ultra sensible, prédit que je vais lui « briser le coeur » et, alors que nous ne nous sommes jamais rencontrés (nous nous connaissons virtuellement depuis moins de 10 jours), elle commence déjà à me lancer avec une petite voix des « tu me manques » par téléphone, me dit qu’elle n’attend que moi et à pleurnicher à la moindre occasion. Je crois même l’avoir surprise, à la fin d’une conversation téléphonique, à se retenir de vouloir me dire qu’elle m’aimait. J’ai eu beau essayer de lui faire remarquer qu’il fallait qu’elle se calme, que nous ne nous connaissions pas, qu’à ce niveau c’était de l’hystérie, elle me rassurait en me disant que je me trompais et qu’elle avait la tête sur les épaules. Bon…
2 jours avant notre rencontre programmée, je fais par hasard une curieuse découverte :

Je lui ai dit que j’avais éteint mon téléphone et je lui ai souhaité une bonne nuit. Son comportement sur la fin m’a calmé. Je ne comprends pas pourquoi elle s’est évertuée à ne pas me dire son âge et à essayer de me faire avaler des couleuvres. Surtout que je ne lui ai jamais dit qu’il n’était plus question pour moi de la rencontrer ou quoi que ce soit de ce genre. Je trouve qu’elle a été d’une profonde mauvaise foi, ce qui ne n’était pas censé la caractériser. Du coup, suite à ce tchat, elle m’a laissé 2 messages sur mon répondeur où elle était pratiquement en pleurs…
Le lendemain, alors que je n’étais pas devant mon écran, elle est venue me voir sur MSN :

Contrairement à ce qu’elle semblait croire, je ne lui faisais pas la tête. Je n’en avais d’ailleurs aucune raison même si je déteste qu’on me mente et que je n’ai pas aimé la façon dont elle m’a parlé. Je ne lui en tiens pas rigueur parce qu’elle n’est pas comme ça d’habitude mais je garde à l’esprit la façon dont peuvent tourner les choses avec elle. Notre rencontre de vendredi est maintenue.
Vendredi midi, elle me téléphone pour me prévenir qu’elle est malade (c’est la saison : tout le monde autour de moi l’est), qu’elle a un peu de fièvre et nous convenons qu’il vaut peut-être mieux attendre le lendemain pour savoir si son état s’arrange. Finalement, le soir même, elle me prévient qu’elle va mieux et nous décidons sur un coup de tête de nous voir quand même. Il est 22 heures quand je prends la route, en pleine nuit et sous la pluie…
Trois heures de route plus tard, nous nous rencontrons. Elle est certes un peu moins bien que sur ses photos et sa webcam, a facilement 10 kilos de plus que ce qu’elle annonçait sur sa fiche, est un peu trop parfumée mais elle n’en est pas moins souriante, accueillante et fofolle comme je l’avais imaginé. Pas de forte déception, donc.
Elle me fait visiter son chez-elle. Nous discutons, buvons un jus de fruit et fumons un peu de chocolat (cela faisait parti du programme, sans doute avait-elle prévu qu’elle aurait besoin de se détendre). Je suis en tout cas content de découvrir une jeune femme a priori plus stable, plus mesurée que ce à quoi je m’attendais (pas d’hystérique à l’horizon !). Elle est bavarde et drôle. Compte tenu de l’heure très tardive, du fait qu’elle était fiévreuse dans la journée et que je viens de faire trois heures de route, ce n’est pas l’idéal non plus pour être chacun au top de notre forme mais il me semble que nous nous en sortons bien. L’attrait d’une nouvelle rencontre puise en nous quelques forces de dernier recours. Nous finissons par nous coucher. Sans que j’aie le temps de dire ouf, elle est déjà toute nue ! Nous nous faisons de petits câlins. J’aime faire durer le plaisir et faire monter lentement l’excitation, surtout lors d’une première fois. A peine mes caresses ont-elles commencé qu’elle me dit que je suis malade, que je vais la rendre folle et la voilà qui se précipite vers un tiroir pour en sortir un préservatif afin que je lui fasse l’amour. Elle est l’exact contraire de « la demoiselle au toutou », elle ne semble jurer que par la pénétration !
Le lendemain matin, tout se dégrade : elle a un accès de fièvre et est incapable de décoller du lit. Un vrai zombie. C’était à prévoir et le fait de se coucher tard n’a rien dû arranger. Je lui propose d’aller lui chercher des médicaments, de m’occuper d’elle comme je peux mais elle refuse. Elle n’a pas envie que je sois là quand elle est dans cet état et me demande sans grand ménagement de partir. J’avoue m’être demandé si elle ne feignait pas la maladie pour se débarrasser de moi (tout est possible) mais compte tenu de la façon dont tout s’est passé, je ne le pense sincèrement pas.
Je me suis baladé dans sa ville tout l’après-midi et suis rentré tranquillement à Paris rejoindre des amis le soir. Je me suis tapé 2 heures d’embouteillage sur le périphérique (en plus du trajet) avec en bonus un fort mal de crâne et un quasi début de fièvre. Je ne l’ai pas appelée, elle ne m’a pas appelé.
Nous nous sommes recroisés sur MSN les jours suivants. J’ai finalement réussi à lui faire avouer son âge : 34 ans. Je lui ai fait part de mes interrogations quant au fait qu’elle ait pu chercher à ce que je parte, ce à quoi elle m’a répondu : « je ne peux pas t’en vouloir de le croire j’etais tellement mal q tu soit venu et que je tombe malade un peu plus et que l’on ne puisse prifiter du w e ». Nous avons chatté à nouveau quelques courtes fois mais on ne peut pas dire que l’enthousiasme y était d’un côté comme de l’autre. Puis le temps a fait le ménage et elle a été la première à me retirer de sa liste MSN. Ainsi va la vie.
Cette rencontre catastrophique a mis un terme direct à la « magie » du départ. Catastrophique, parce qu’écourtée et finalement bâclée, même si ce n’est la faute de personne. Je pense que nous aurions passé un agréable week-end tous les deux si elle n’avait pas été malade. Y aurais-je trouvé pour autant tout ce que je venais y chercher ?
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